CFPA Hammam Guergour

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Développement de la formation professionnelle en Algérie Comment produire de la compétence

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Publié le 08.02.2023 dans le Quotidien l’Expression

 

Par Mehdi ABTROUN

 

Il sera nécessaire pour les autorités d'assurer la relation entre formation et emploi au plan qualitatif et quantitatif, grâce à un vivier de demandeurs d'emploi n'aspirant qu'à un poste de travail. Depuis la fin de la crise de Covid-19, les indicateurs du développement de la formation professionnelle font état de progrès significatifs sur les plans de l'infrastructure de formation, du fonctionnement et de l'organisation institutionnelle.

 

L'Algérie doit créer un système pour répondre à la demande nationale en main-d'oeuvre. Le développement des compétences doit se faire par l'articulation entre la formation professionnelle et l'enseignement général, l'accès à la formation devant se faire sans contrainte de sélection. Le gouvernement algérien doit également mettre en place des réformes structurelles qui permettront de développer les compétences et la formation professionnelle dans les spécialités qui risquent de disparaître. Il est nécessaire de redorer le blason pour des spécialités considérées comme dévalorisantes socialement, qui n'exercent que peu d'attrait sur les jeunes comme la menuiserie, ferronnerie, maçonnerie,...

 

L'organisation des entreprises algériennes est-elle engagée dans une démarche de détection des compétences et des talents? Mi-janvier dernier, a eu lieu à Alger la troisième conférence des ministres et dirigeants responsables de l'enseignement et de la formation technique et professionnelle dans le monde arabe. Lors de son allocution, le ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels Yacine Merabi a insisté sur la nécessité d'élaborer un plan global et national de développement de l'enseignement et de la formation technique et professionnelle dans le monde arabe afin de développer et d'explorer les métiers d'avenir. Comme annoncé par le ministre, l'Algérie a besoin de mettre en place une planification stratégique pour la création d'un centre d'études chargé de développer les domaines de l'enseignement et de la formation technique et professionnelle. Nous devons «adapter le secteur au marché du travail en prospectant les métiers d'avenir (économie verte et numérisation) qui sont deux modèles sur lesquels repose l'économie du développement à l'échelle internationale au regard de leur rôle dans l'amélioration du bien-être humain, dans l'équité sociale et la réalisation du développement durable», a-t-il ajouté.

 

Le contexte algérien

 

Nous constatons que les besoins en compétence sont considérables surtout lorsqu'il s'agit de formation en management où l'Algérie se distingue par l'inexistence de grandes écoles étrangères spécialisées dans la formation de futurs managers. Et les besoins touchent tous les secteurs d'activités. Même si aujourd'hui il existe des managers qui dirigent avec succès des entreprises depuis plus de 20 ans, une grande partie d'entre eux n'ont pas suivi de formation en management. Il y a une réelle volonté des pouvoirs publics de remédier à cette situation afin de former une nouvelle génération de managers beaucoup plus qualifiés, cependant l'Algérie peine à atteindre les standards internationaux pour obtenir un niveau de compétences industrielles reposant sur une ressource humaine de qualité.

 

Le développement des compétences par le biais de la formation professionnelle doit être inscrit comme une priorité incontournable pour l'entreprise algérienne et pour le pays. La majorité des entreprises algériennes se trouve, aujourd'hui, confrontée à un problème de qualification de la main-d'oeuvre et de la disponibilité des compétences, notamment dans les domaines techniques demandant un niveau d'exigence élevé. En Algérie, il existe de nombreuses firmes internationales, et on constate qu'elles ont recours au recrutement de candidats avec un niveau universitaire et une compétence plus ou moins utile afin de leur faire suivre des formations appropriées en interne.

 

Il existe en Algérie comme dans beaucoup de pays, une inadéquation entre la formation suivie à l'université ou dans des instituts spécialisés et le monde du travail. On peut dire que ce dysfonctionnement est plus particulier en Algérie car le système d'enseignement en langue arabe, notamment dans les filières économiques et financières, ne favorise pas l'intégration des diplômés dans le marché du travail surtout dans le domaine privé.

 

L'insuffisance en matière de compétences s'explique, également, par la fuite des cadres vers l'étranger et aussi par le fait qu'un jeune diplômé de l'université n'arrive pas à cibler au préalable son domaine de formation en fonction de ses prédispositions naturelles et de son intérêt professionnel. En résumé, il existe une problématique des compétences en Algérie qui trouve son explication au niveau de l'enseignement et au niveau de l'entreprise, et cela ne concourt pas à la formation de cadres de haut niveau. La réalité du terrain montre qu'une grande partie des jeunes se retrouve dans la position de chercheur d'emploi et les jeunes diplômés sont affectés à des postes de travail inadaptés à leur profil sans accompagnement pédagogique ou formation spécifique. Quel avenir pour l'Algérie?

 

La variable du chômage

 

L'avenir est tout de même prometteur car le pays dispose d'une main-d'oeuvre très jeune, dynamique, souhaitant se perfectionner et être valorisée. C'est notre atout majeur pour le développement du potentiel humain, même si des progrès importants restent à faire dans d'autres domaines, pour rattraper le retard existant entre l'Algérie et les autres pays de la Méditerranée. Au niveau du marché du travail, le gouvernement algérien doit retenir que les caractéristiques du chômage constituent une variable stratégique à prendre en considération.

 

En effet, il sera nécessaire pour les autorités d'assurer la relation entre formation et emploi au plan qualitatif et quantitatif, grâce à un vivier de demandeurs d'emploi n'aspirant qu'à un poste de travail. Depuis la fin de la crise de Covid-19, les indicateurs du développement de la formation professionnelle font état de progrès significatifs sur les plans de l'infrastructure de formation, du fonctionnement et de l'organisation institutionnelle. L'Algérie doit créer un système pour répondre à la demande nationale en main-d'oeuvre. Le développement des compétences doit se faire par l'articulation entre la formation professionnelle et l'enseignement général, l'accès à la formation devant se faire sans contrainte de sélection. Le gouvernement algérien doit également mettre en place des réformes structurelles qui permettront de développer les compétences et la formation professionnelle dans les spécialités qui risquent de disparaître. Il est nécessaire de redorer le blason pour des spécialités considérées comme dévalorisantes socialement qui n'exercent que peu d'attrait sur les jeunes comme la menuiserie, ferronnerie, maçonnerie,... On peut aussi se poser la question de la langue utilisée dans l'enseignement technique qui rend difficile l'acquisition des connaissances et la valorisation des compétences algériennes au niveau international. Une idée à étudier est celle d'un conseil d'orientation systématique lors de la dernière année du collège et lors de l'obtention du baccalauréat. À l'image de la formation américaine qui oblige l'étudiant à effectuer des stages pratiques en entreprise pour valider un diplôme, les entreprises algériennes pourraient se voir obligées d'embaucher un stagiaire au minimum trois mois dans l'année en contrepartie d'allégements fiscaux.

 

La volonté du gouvernement algérien de développer le secteur de la numérisation est un très bon point pour l'avenir du pays, mais il sera nécessaire de doter les établissements de moyens techniques et pédagogiques répondant aux nouvelles technologies pour faire face aux exigences du secteur. L'Algérie doit passer d'un système de formation basé sur l'offre vers un système de formation centré sur la demande en impliquant les partenaires économiques et les institutions. Si le pays veut réussir à développer les compétences de ses citoyens et améliorer la formation professionnelle il sera nécessaire d'intégrer la formation professionnelle dans les entreprises économiques et les organisations de service qui constituent l'espace privilégié pour acquérir et renforcer des compétences.

 

Démarche valorisante

 

La formation se trouve au coeur des enjeux de la productivité, de l'innovation technologique, de la valorisation du travail humain et de l'intégration sociale et professionnelle des individus. Le but de la fonction ressource humaine est de mettre à disposition de l'entreprise de la compétence et du talent pour permettre à celle-ci de faire face a la concurrence et assurer sa pérennité. Le gouvernement, les institutions ainsi que les entreprises doivent s'engager dans une démarche pour mieux valoriser les ressources humaines, avec l'instauration de plans de développement fondés sur les principales approches de la démarche compétences, en mettant en place des politiques de formation et le développement continu tout au long de la carrière de l'étudiant ou du salarié. Le développement de la compétence est la clé pour l'émergence de talent, l'Algérie a considérablement besoin de main-d'oeuvre qualifiée dont les compétences pourraient devenir une référence dans le monde arabe et au niveau international.

 



08/02/2023
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